La 26e édition de l’étude « Global CEO Survey » révèle que 44 % des dirigeants marocains pensent que leur organisation ne sera plus viable à horizon 10 ans, si elle continue sur sa lancée sans rien modifier à sa stratégie actuelle.
Dans un monde soumis à des perturbations constantes et de nature diverse, l’agilité permanente devient le maître mot des dirigeantes et dirigeants. Ces derniers sont à la recherche d’un délicat équilibre, soumis aux turbulences du quotidien et en quête d’une stratégie pour appréhender plus sereinement les défis des années à venir. Le double impératif auquel est confronté le CEO d'aujourd'hui constitue un immense défi, mais aussi une opportunité de diriger en donnant du sens et transformer durablement le rôle de l’entreprise - en tant que catalyseur d’innovations et communauté de solvers engagés sur le long terme.
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« Les crises récurrentes sont aujourd’hui saisies par les dirigeants comme des accélérateurs de changement et de la transformation. De même que les facteurs plus structurels, notamment le changement climatique, sont à appréhender dans une approche plus globale de développement durable et représentent autant un défi qu’un relai de croissance de l’économie. Tout cela s’intègre parfaitement avec les réformes entreprises dans le cadre de la mise en œuvre du Nouveau Modèle de Développement Économique du Royaume. »
Fortement liés au contexte, les risques conjoncturels que sont l’inflation et la volatilité macroéconomique sont cités en menaces principales de l’année à venir par les dirigeants mondiaux et marocains. L’inflation fait son entrée directement à la première place, et ce, au Maroc comme au niveau mondial.
(Somme des réponses "fortement exposée" et "extrêmement exposée")
Les dirigeants marocains sont conscients de l’importance du sujet au niveau national (stress hydrique, coût de la facture énergétique…), mais se sentent moins concernés au niveau de l’impact sur leur entreprise à court terme. En effet, seuls 24 % des dirigeants marocains considèrent que leur entreprise est menacée par les changements climatiques sur les 12 prochains mois et il semble que les répondants considèrent cet enjeu plus à moyen terme qu’à court terme. Effectivement, l’urgence climatique se fait ressentir de manière plus importante à horizon cinq ans pour 40 % des répondants. Bien que la menace des inégalités sociales sur l’entreprise soit plus faiblement identifiée par les dirigeants marocains (16 %), ce taux reste plus élevé par rapport aux répondants au niveau mondial (9 %).
« Au-delà des risques liés aux changements climatiques et environnementaux qui doivent être appréhendés de manière concrète, et à court terme par les entreprises, les enjeux de développement durable, dits “ESG” (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont un sujet majeur à intégrer dans les stratégies d’entreprises. C’est une exigence “must have”, à tous les niveaux, qui répond à une attente forte des parties prenantes de l’entreprise (actionnaires, investisseurs, clients, salariés…). »
La volonté d’investissement en matière de cybersécurité est moins forte pour les dirigeants marocains (28 %) en comparaison avec les dirigeants européens (50 %) ou mondiaux (48 %). Ce constat rejoint celui vu précédemment indiquant que les risques cyber étaient moins fortement craints par les dirigeants marocains que par leurs homologues étrangers puisqu’à court terme seuls 13 % des dirigeants(es) marocains(es) estiment être très exposés au risque cyber. Le risque de cybercriminalité représente pourtant près 1000 Md$ (+50 % en 2 ans).
(Somme des réponses "fortement exposée" et "extrêmement exposée")
Interrogés sur les perspectives économiques du Maroc à 12 mois, les dirigeants marocains sont pessimistes puisqu’ils sont 71 % à envisager un ralentissement de la croissance, ce qui représente un véritable changement de perception par rapport à l’année précédente. En effet, près de 89 % des PDG au Maghreb misaient sur une augmentation de la croissance, contre seulement 32 % cette année au Maghreb et 20 % au Maroc. Ce pessimisme ambiant ne se traduit pas de manière aussi tranchée lorsqu’il s’agit des perspectives de croissance des entreprises. À l’instar de leurs homologues étrangers, les dirigeants marocains semblent plus confiants (73 % sont même moyennement ou extrêmement/très confiants) dans la croissance attendue de leur chiffre d’affaires sur les 12 prochains mois. Cette proportion monte même à 93 % à horizon trois ans.
Pour contrer les effets de la situation économique délicate, les dirigeants marocains sont 60 % à avoir appliqué une politique de recherche d’autres fournisseurs. Viennent ensuite les stratégies pour réduire les charges d’exploitation (56 %), pour diversifier l’offre de produits/services (49 %).
Parce qu’il est nécessaire de se transformer, de s’adapter pour pérenniser l’activité de l’entreprise, et qu’il faut piloter le temps long en même temps que les crises de court terme, les CEO continuent d’investir, anticipant les grandes transformations réglementaires, sociétales et technologiques.
Au Maroc, 67 % des dirigeants positionnent l’évolution de la demande et les évolutions réglementaires comme principaux éléments qui impacteront la rentabilité de leur entreprise dans les 10 prochaines années. C’est entre 11 et 14 points de plus que la moyenne des dirigeants dans le monde. En troisième position, la transition énergétique (58 %) est devenue un élément particulièrement sensible pour les entreprises marocaines comparativement au reste du monde (37 %) et loin devant leurs homologues Africains (46 %) et Européens (42 %).
(Somme des réponses "dans une large mesure" et "dans une très large mesure")
Les entreprises investissent pour traverser les turbulences et relever les défis de demain. Les dirigeants marocains positionnent la montée en compétences (upskilling) de leurs collaborateurs comme leur investissement prioritaire des 12 prochains mois à 71 %. L’investissement technologique (déploiement de nouvelles technologies de type cloud, AI, métavers) est également envisagé par 53 % des dirigeants marocains pour l’année à venir.
Face aux multiples défis posés par le contexte économique, l’une des voies explorées par les entreprises est celle de sa capacité à collaborer au-delà de ses frontières.
Les dirigeants interrogés misent sur leur collaboration avec un large réseau de partenaires. Ces relations sont le plus souvent nouées pour créer de nouvelles sources de valeur. Les coopérations avec des start-ups, des entreprises concurrentes et le monde académique représentent les pistes de collaboration les plus explorées par les chefs d’entreprise.
Ce sont principalement sur des thématiques ESG et l’éducation que les entreprises marocaines choisissent de collaborer avec des organisations non commerciales, beaucoup plus que sur des sujets plus économiques tels que le développement d’infrastructures, le rétablissement de la croissance ou le développement international.
Pour cette 26e édition de la PwC Global CEO Survey, PwC a interrogé 4 410 dirigeants dans 105 pays et territoires du 4 octobre au 11 novembre 2022.
Les chiffres mondiaux et régionaux de ce rapport sont pondérés proportionnellement au PIB nominal du pays ou de la région, afin de garantir que les opinions des CEO sont représentatives de toutes les grandes régions.
Les chiffres par secteur et par pays sont basés sur les données non pondérées de l’échantillon complet de 4 410 réponses.
Les dirigeants marocains ont été 45 à répondre à l’enquête 2022.